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    Otages ou l’histoire d’une femme banale

    “Otages” , le dernier roman de Nina Barouani nous raconte la vie oubliée de son héroïne Sylvie Meyer, 53 ans, divorcée , cadre dans une entreprise de caoutchouc. Oubliée comme toutes ces femmes dans lesquelles je ne peux m’empêcher de me reconnaitre ( un peu ) qui sont nées pour ne pas se faire remarquer. Toutes ces femmes ni trop jolies, ni trop moches, ni trop brillantes , ni trop diablesses, jamais extravagantes, celles qui ne sont jamais drôles, celles qui subissent en silence… Le destin de Sylvie me touche , il y a tellement de Sylvie(s) dans notre société qui  ignore les femmes banales, cette société qui préfère tout ce qui fait du bruit. Alors Sylvie prend son patron en otage une nuit, mais même ce geste elle le fait discrètement, en silence, sans violence aucune, surtout sans vouloir lui faire du mal. Elle se retrouve internée mais pour la premiere fois de sa vie, elle se sent vivre , pour la premiere fois de sa vie elle n a pas subi.

    La lettre finale à son ex-mari est d’une beauté percutante, et je partage ces lignes ( ici elle, c’est l’autre , la nouvelle compagne de son ancien mari ) : ” … Ce que tu aimais le plus, c était l’embrasser longtemps comme un adolescent à ses débuts, ta tête tournée dans tous les sens et tu as regretté tous les jours que tu avais perdus en restant trop longtemps avec moi … et tous les jours quand tu la regardes tu pries pour ne pas retrouver la tristesse qui mangeait mes yeux car c’est cette putain de tristesse que tu n ‘avais pas comprise dont je ne t ai jamais parlé, qui a tout brûlé. Sois serein, vis ta vie, cette tristesse n’est qu’à moi et tu vois quand je t écris j’aime qu’elle existe car cela veut dire que moi aussi j’ existe encore un peu .”

    J’aimerais conclure avec une “banalité” si vous me le permettez : il n’ y a pas de femme quelconque , mais une femme  extra et ordinaire.

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