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    Nuits d’été à Brooklyn

    J’ ai adoré me plonger dans les nuits d été à Brooklyn de Colombe Schneck, quel beau roman intelligent , l élégance et la délicatesse de son héroïne Esther qui découvre le New York des années 90 … une histoire d’amour, Esther la jeune parisienne du 6ième arrondissement diplomée de Sciences Po, stagiaire journaliste le temps d un été à New York et Frederick, l’intellectuel noir , spécialiste de Flaubert qui enseigne à NYU… une fiction , non, l’histoire vraie de luttes raciales entre la communauté noire de Crown heights et la communauté juive orthodoxe du même quartier, un évènement , l’été 1991 et la mort d’un enfant noir renversé par un convoi de juifs orthodoxes , les émeutes qui s ‘en suivent… le sujet de la ségrégation aux Etats-Unis qui est loin d être réglé est traité avec justesse .

    J’ai adoré me replonger dans mon New York des années 90. Je suis arrivée en mai 1997 à SoHo, fraichement diplômée d’HEC, je ne connaissais pas l’ Amérique, et j’avais peu lu l’ Amérique … j ‘ai découvert très vite la ségrégation au sein de l’agence pour laquelle je travaillais à l’ époque : j’entends dans une salle de réunion un “happy birthday to you” , la porte entrouverte, je m’approche timidement espérant me joindre à la fête … mais je comprends très vite que je n’y ai pas ma place, la salle rassemble tous les employés noirs de l’agence , tous les yeux se tournent sur moi et  je dois vite refermer la porte. Au-delà du sujet grave des inégalités raciales , grâce à Esther je me suis souvenue de ces restaurants mythiques de Manhattan qui ont disparus aujourd’hui ou de ces “dates foireuses” avec des américains de l’Upper East Side bien nés et bien trop sûrs d’eux, de ces dîners à manger des céréales avec ce sentiment de solitude absolue dans une société qui ne fonctionne pas comme la notre.

    Un vieil ami m’a dit il y a bien longtemps en parlant des américains : ” Nous ne sommes pas faits du même bois”. Tout était dit.

     

     

     

    une nuit d’été à Brookyn peut-être en 2002 avec cc , la reine de Williamsburg.
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    Lecture de confinement : “Le Pays des Autres”

    C’est un beau roman de confinement. Nous plongeons dans une saga familiale si bien racontée. Avec son dernier roman, Leïla Slimani nous transporte dans le Maroc des années 1950 et c’est un voyage fascinant, sous tension et contradiction. Tensions politiques dans un pays qui se libère de la présence coloniale française. Une période historique très compliquée et si bien écrite et décrite . Tensions entre hommes et femmes, dans un pays où les femmes rêvant d’émancipation restent soumises aux traditions et à la religion . Un roman de contradictions car il n ‘y a pas que les bons ouvriers ou les méchants français, mais ” il y a des hommes bons dont les fermes sont brûlées et des salauds qui échappent à tout. Dans les guerres il n ‘y a plus de gentils, plus de méchants, plus de justice .” Le roman est porté par la force extraordinaire de l ‘heroïne Mathilde, cette femme Alsacienne qui a fait le choix de sa vie, en cherchant l’aventure et en épousant Amine, un marocain qui s’est battu pour la France mais évidemment il est hors de question que sa soeur Selma épouse un français. Mathilde a choisi “Le Pays des Autres”, et va se battre pour trouver sa place, elle la française pointée du doigt par les colons pour avoir épousé un arabe “comment en est-elle arrivée la ?” , pointée du doigt par les marocains y compris son mari Amine pour tout simplement vouloir être elle, une femme libre qui est nostalgique de la France qui fera tout pour se faire aimer par son nouveau pays.

    Le roman se termine avec la grande nuit du mois d’août, la libération est proche . Ainsi s’achève le tome 1 de la trilogie. Nous attendrons patiemment le tome 2.

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    Otages ou l’histoire d’une femme banale

    “Otages” , le dernier roman de Nina Barouani nous raconte la vie oubliée de son héroïne Sylvie Meyer, 53 ans, divorcée , cadre dans une entreprise de caoutchouc. Oubliée comme toutes ces femmes dans lesquelles je ne peux m’empêcher de me reconnaitre ( un peu ) qui sont nées pour ne pas se faire remarquer. Toutes ces femmes ni trop jolies, ni trop moches, ni trop brillantes , ni trop diablesses, jamais extravagantes, celles qui ne sont jamais drôles, celles qui subissent en silence… Le destin de Sylvie me touche , il y a tellement de Sylvie(s) dans notre société qui  ignore les femmes banales, cette société qui préfère tout ce qui fait du bruit. Alors Sylvie prend son patron en otage une nuit, mais même ce geste elle le fait discrètement, en silence, sans violence aucune, surtout sans vouloir lui faire du mal. Elle se retrouve internée mais pour la premiere fois de sa vie, elle se sent vivre , pour la premiere fois de sa vie elle n a pas subi.

    La lettre finale à son ex-mari est d’une beauté percutante, et je partage ces lignes ( ici elle, c’est l’autre , la nouvelle compagne de son ancien mari ) : ” … Ce que tu aimais le plus, c était l’embrasser longtemps comme un adolescent à ses débuts, ta tête tournée dans tous les sens et tu as regretté tous les jours que tu avais perdus en restant trop longtemps avec moi … et tous les jours quand tu la regardes tu pries pour ne pas retrouver la tristesse qui mangeait mes yeux car c’est cette putain de tristesse que tu n ‘avais pas comprise dont je ne t ai jamais parlé, qui a tout brûlé. Sois serein, vis ta vie, cette tristesse n’est qu’à moi et tu vois quand je t écris j’aime qu’elle existe car cela veut dire que moi aussi j’ existe encore un peu .”

    J’aimerais conclure avec une “banalité” si vous me le permettez : il n’ y a pas de femme quelconque , mais une femme  extra et ordinaire.

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    World Book Day . C ‘est beau un livre.

    Je dédie cette journée mondiale du livre à mon cercle d’amies lectrices new yorkaises, floridiennes, parisiennes, berlinoises, avec lesquelles je partage mes lectures. Les livres m’aident à comprendre le passé, le présent, les autres. la vie, ma vie… les livres m’aident à être une meilleure personne, et les partager avec vous toutes est un plaisir immense .

    Anna Karina dans Alphaville de Godard
    Anna Karina dans Alphaville, JL Godard
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    Rest In Peace Monsieur Sepúlveda

    C’ est avec une grande tristesse que j’ai appris le départ de cet auteur remarquable. Il m’aura ému jusqu’aux larmes avec son roman écrit pour les enfants de 8 à 88 ans ” Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler”. Ce livre est un trésor d’ humanité, tous les thèmes fondamentaux y sont traités à travers le regard d’un groupe de chats plus que sympathiques : la naissance, l’amour maternel, la connaissance, l’apprentissage, la sagesse, la non-sagesse humaine, la destruction de notre planète par les humains, l’amour inconditionnel… C ‘ est un livre que l’on finit les yeux mouillés. A lire et relire avec vos enfants sans modération.

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    Lecture de confinement “Le Consentement”

    C’est une lecture importante. Vanessa Springora se libère enfin de son prédateur en l’enfermant dans son livre. Tout est en retenue, en délicatesse. Rien ne dérange, elle nous explique avec une grande simplicité, pudeur et dignité le consentement et nous comprenons tout : la victime consentante et amoureuse, la manipulation du prédateur, un milieu intellectuel parisien des années 80 complaisant. Une écriture si discrète mais si forte, une merveille et une nécessité. Merci.

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    Life? or Theater?

    “… And with dream awakened eyes she saw all the beauty around her, saw the sea, felt the sun, and knew she had to vanish for a while from the human surface and make every sacrifice in order to create her world anew out of the depths.” epilogue of Life? or Theater?

    Charlotte Salomon was 26 years old and 5 months pregnant when she was transported to Auschwitz  in October 1943 and gassed the same day. She left behind her an exceptional body of work Life? or Theater? she painted in less than 2 years while leaving in exile in South of France.

    In 1943, as the Nazis intensified their search for Jews living in the South of France, she handed the work to a trusted friend with the words, “Keep this safe, it is my whole life.”

    Charlotte was a genius, a poet, a visionary, a broken soul.

    It is insane how modern she was, how she added texts, captions, and overlays into her paintings… Life ? or Theater?  is a total work of art…

    Her life a tragedy , beautifully written in David Foenkinos “Charlotte”

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    the screams of the air

    this sentence is from Samuel Beckett’s play “waiting for Godot”. If the air could talk,  i think it would scream. I wanted my blog to be loudly quiet, hence the name :”the screams of the air”.

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